Alléger la souffrance et non l’alourdir !

Quand l’espérance est la mort.  Tout un passage dans une période où l’euthanasie (brève discussion sur ce sujet à la fin) est autorisée pour ceux qui choisissent la mort comme solution à leur douleur.  On n’a pas de photo de Job mais ferme les yeux et tu peux l’imaginer lorsqu’il se décrit :

Mon souffle se perd, mes jours s’éteignent, le sépulcre m’attend, ma personne est un objet de mépris, mon oeil est obscurci par la douleur, tous mes membres sont comme une ombre.

Ou mieux encore !  Va dans un hôpital, dans une maison de soins palliatifs, là où cette description n’est que le quotidien de chacun.  Difficile pour toi de soutenir cette vision ?  As-tu l’impression que leur détresse t’envahit ?  Est-ce pour cela que l’on s’éloigne de celui qui souffre ?  Pire encore, certains justifient sa souffrance !  Lorsqu’on trouve une raison à cette souffrance.  Elle est rendue raisonnable et même juste.  Par exemple, lorsque quelqu’un se meurt d’un cancer des poumons après avoir fumé toute sa vie.  On lui dit que c’est le résultat d’avoir fumer.  Mais, soulage-t-on sa douleur en disant cela ou trouvons-nous simplement une façon de lui en remettre le poids, de la justifier ?  Et qu’en est-il de celui qui a fumé toute sa vie et n’aura rien, ou celui qui n’a jamais fumé et aura à souffrir d’un tel cancer.  Quand je trouve une raison ou je justifie la douleur, je n’ai plus à me poser les questions comme :  Pourquoi lui et pas moi ?   Est-ce que cela m’arrivera un jour ?  Puis-je faire quelques-chose ?  Toutes ces questions qu’il fait mal à se poser.  Car si je tente d’y répondre, je ne peux plus penser en termes de moi-heureux et lui-malheureux, mais nous-impuissants.

Seigneur, aides-moi à ne pas fermer les yeux sur la souffrance des autres, peut importe qu’elle soit physique, psychologique ou spirituelle.  Je je puisse les accompagner, dans les bons comme dans les mauvais moments.  Que je partage ma force avec ceux qui sont faible, mes ressources avec ceux qui n’en n’ont plus.  Dans ces moments ou l’autre vie la souffrance et l’impuissance, que je sois là pour l’alléger et non l’alourdir.

Job 17.1-16

Mon souffle se perd, Mes jours s’éteignent, Le sépulcre m’attend. Je suis environné de moqueurs, Et mon oeil doit contempler leurs insultes. Sois auprès de toi-même ma caution; Autrement, qui répondrait pour moi? Car tu as fermé leur coeur à l’intelligence; Aussi ne les laisseras-tu pas triompher. On invite ses amis au partage du butin, Et l’on a des enfants dont les yeux se consument. Il m’a rendu la fable des peuples, Et ma personne est un objet de mépris. Mon oeil est obscurci par la douleur; Tous mes membres sont comme une ombre. Les hommes droits en sont stupéfaits, Et l’innocent se soulève contre l’impie. Le juste néanmoins demeure ferme dans sa voie, Celui qui a les mains pures se fortifie de plus en plus. Mais vous tous, revenez à vos mêmes discours, Et je ne trouverai pas un sage parmi vous. Quoi! mes jours sont passés, mes projets sont anéantis, Les projets qui remplissaient mon coeur… Et ils prétendent que la nuit c’est le jour, Que la lumière est proche quand les ténèbres sont là! C’est le séjour des morts que j’attends pour demeure, C’est dans les ténèbres que je dresserai ma couche; Je crie à la fosse: Tu es mon père! Et aux vers: Vous êtes ma mère et ma soeur! Mon espérance, où donc est-elle? Mon espérance, qui peut la voir? Elle descendra vers les portes du séjour des morts, Quand nous irons ensemble reposer dans la poussière.

Réflexion sur l’euthanasie :

Le problème de l’euthanasie, n’est pas le désir de voir la mort, de trouver espoir en la mort.  Le sens d’euthanasie est « bonne mort » ou « douce mort ».  Pas que la mort soit rendu bonne ou douce mais qu’elle soit soulagée, que le passage à la mort soit moins mauvais, moins douloureux.  Donc, chaque fois qu’on aide quelqu’un qui souffre comme mourant, chaque fois que j’essaie de rendre cette mort moins difficile, même en ne faisant que tenir la main, c’est de l’euthanasie, je rends la mort moins douloureuse et difficile pour celui qui meurt.  Bien sûr, on ne peut accuser ceux qui sont dans le domaine de la santé de vouloir se « débarrasser » des mourants, comme certains le font.  Ces ouvriers de la santé sont ceux qui vivent avec ces mourants et pour cela ils méritent notre respect.

Le vrai problème de l’euthanasie est que la mort ne soit plus naturelle mais provoquée.  Le problème n’est pas que l’on rende moins douloureux ce passage de la vie à la mort, mais que l’on décide de ce passage.  Que les autres puissent prendre en charge la mort de quelqu’un, que l’autre puisse décider d’enlever cette souffrance.

Mais quel est l’intention d’une société qui endosse l’euthanasie ?  Le bien être de la personne ?  Permettez-moi de douter !  Je peux faire confiance à une personne, dans certains cas, mais faire confiance au monde ?  L’histoire me montre le contraire.  Une société qui ferme les yeux sur la mort des autres, tant qu’ils sont loin de nous !  Une société ou la mort et la maladie ne sont pas vraiment le problème mais plutôt que nous en soyons témoins sans agir et par conséquent peut être responsable, même juste en partie.  Mais non, Serge, tu ne peux dire que nous sommes responsables de la souffrance des autres ?  Désolé, mais c’est ce que je crois, et pour que vous ne vous sentiez pas trop coupable, je vais prendre personnellement cette responsabilité, car pour moi cette pensée trouble mon âme.

Quand je sais que l’autre souffre et que je pourrais l’aider, mais que je ferme les yeux, les oreilles et la bouche sur sa souffrance… OUI… j’ai une responsabilité.  Je crois personnellement que c’est Dieu qui doit décider du moment de la mort et non l’homme.  Mais il me demande d’aider celui qui souffre, même jusqu’à la mort.

(Si tu ne crois pas en Dieu et que tu veuilles dire « la nature » au lieu de Dieu, pas de problème, c’est ton choix.  Cela pourrait être le sujet d’une autre discussion.  On ne parle pas ici de foi mais de conscience.  Et si tu veux me convaincre que l’ignorance de Dieu ne change rien à la bonté de l’homme !?  Vas-y !  Montre-moi ton amour pour l’autre, ton sacrifice pour l’autre, ton désire par tes actions d’enlever la souffrance de l’autre et là tu pourras m’impressionner.  Et au contraire, si tu crois en Dieu et que tu ne montres pas ton amour pour l’autre, ton sacrifice pour l’autre, ton désire par tes actions d’enlever la souffrance de l’autre et là, je serais encore impressionné, mais aussi troublé!)