Comprendre pour servir ce monde où je vis

Comprendre pour servir ce monde où je vis

Alléger la souffrance et non l’alourdir !  Job 17

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Quand l’espérance est la mort !  Tout un passage dans une période où l’euthanasie est encouragée pour ceux qui choisissent la mort comme solution à leur douleur (brève discussion sur ce sujet à la fin).  On n’a pas de photo de Job, mais ferme les yeux et tu peux l’imaginer lorsqu’il se décrit :

Mon souffle se perd, mes jours s’éteignent, le sépulcre m’attend, ma personne est un objet de mépris, mon œil est obscurci par la douleur, tous mes membres sont comme une ombre. 

Ou mieux encore !  Va dans un hôpital, dans une maison de soins palliatifs, là où cette description n’est que le quotidien de chacun.  Difficile pour toi de soutenir cette vision ?  As-tu l’impression que leur détresse t’envahit ?  Est-ce pour cela que l’on s’éloigne de celui qui souffre ?  Pire encore, certains justifient la souffrance du malheureux !

Lorsqu’on trouve une raison à cette souffrance, elle est rendue raisonnable, et même parfois « juste » pour certains.  Par exemple, lorsque quelqu’un se meurt d’un cancer des poumons après avoir fumé toute sa vie.  On lui dit que c’est le résultat d’avoir fumé.  Mais, soulage-t-on sa douleur en disant cela ou trouvons-nous simplement une façon de lui en remettre le poids, de la justifier ?  Et qu’en est-il de celui qui a fumé toute sa vie et n’aura rien, ou bien celui qui n’a jamais fumé, mais souffrira aussi de ce cancer ? Quand je trouve une raison ou je justifie la douleur, je n’ai plus à me poser les questions comme :  Pourquoi lui et pas moi ?   Est-ce que cela m’arrivera un jour ?  Puis-je faire quelque chose ?  Toutes ces questions qu’il fait mal à se poser.  Car si je tente d’y répondre, je ne peux plus penser en termes de moi-heureux et lui malheureux, mais nous impuissants. 

Seigneur, aide-moi à ne pas fermer les yeux sur la souffrance des autres, peu importe qu’elle soit physique, psychologique ou spirituelle.  Que je puisse les accompagner, dans les bons comme dans les mauvais moments.  Que je partage ma force avec ceux qui sont faibles, mes ressources avec ceux qui n’en ont plus.  Dans ces moments, ou l’autre vit la souffrance et l’impuissance, que je sois là pour l’alléger et non l’alourdir. 

 

  Job 17

MON souffle se perd; mes jours s’éteignent; le tombeau m’attend ! Certes, je suis entouré de railleurs, et mon oeil veille toute la nuit au milieu de leurs insultes. Dépose un gage, sois ma caution auprès de toi-même; car qui voudrait répondre pour moi ? Tu as fermé leur coeur à l’intelligence; c’est pourquoi tu ne les feras pas triompher. Tel livre ses amis au pillage, dont les enfants auront les yeux consumés. On a fait de moi la fable des peuples, un être à qui l’on crache au visage. Et mon oeil s’est consumé de chagrin, et tous mes membres sont comme une ombre. Les hommes droits en sont consternés, et l’innocent est irrité contre l’impie. Le juste néanmoins persévère dans sa voie, et celui dont les mains sont pures redouble de constance. Mais, pour vous tous, allons, recommencez ! Je ne trouverai pas un sage parmi vous. Mes jours sont passés; mes desseins, chers à mon coeur, sont renversés. Ils changent la nuit en jour; ils disent la lumière proche, en face des ténèbres ! Quand je n’attends plus pour demeure que le Sépulcre, quand j’étends ma couche dans les ténèbres, Quand je crie au tombeau: Tu es mon père ! et aux vers: Vous êtes ma mère et ma soeur ! Où est donc mon espérance ? Et mon espérance, qui pourrait la voir ? Elle descendra aux portes du Sépulcre, quand nous irons ensemble reposer dans la poussière !

 

 

Réflexion sur l’euthanasie :

            Le problème de l’euthanasie, n’est pas le désir de voir la mort, de trouver espoir en la mort.  Le sens du mot euthanasie est « bonne mort » ou « douce mort ».  Pas que la mort soit rendue bonne ou douce, mais qu’elle soit soulagée, que le passage à la mort soit moins mauvais, moins douloureux.  Donc, chaque fois qu’on aide quelqu’un qui souffre, comme mourant, chaque fois que j’essaie de rendre cette mort moins difficile, même en ne faisant que tenir la main, c’est de l’euthanasie, je rends la mort moins douloureuse et difficile pour celui qui meurt.  Bien sûr, on ne peut accuser ceux qui sont dans le domaine de la santé de vouloir se « débarasser » des mourants, comme certains le font.  Ces ouvriers de la santé sont ceux qui vivent avec ces mourants et pour cela ils méritent notre respect. 

Le vrai problème de l’euthanasie est que la mort ne soit plus naturelle, mais provoquée, et en plus, par la même personne qui a fait vœu de soigner à tout prix.  Le problème n’est pas que l’on rende moins douloureux ce passage de la vie à la mort, mais que l’on décide de ce passage.  Que les autres puissent prendre en charge la mort de quelqu’un, que l’autre puisse décider d’enlever cette souffrance. Bien sûr que l’on n’est pas rendu là, mais on s’en approche.

 

Et ouvrons une parenthèse ici. Nous entendons ces personnes qui évaluent comme inutiles de vivre quand : je ne reconnaitrais plus mes enfants, je ne pourrais aller seul à la toilette, lorsque je ne pourrais me nourrir seul, et on pourrait continuer la liste, car tous ceux qui sont en parfaite santé et dans le « top » de leur vie, regarde avec dédain de vivre comme ceux-là qui sont les « dépendants » de notre société. Attention à nos remarques désobligeantes qui sont pleines de jugements pour ceux qui vivent ces souffrances. Lorsque je juge comme inutile de continuer à vivre, lorsque je serai dépendant des autres, est-ce que je ne lance pas un message cruel à celui qui est présentement dépendant – « pourquoi continues-tu à vivre ? À être un dépendant, un poids pour nous tous ? » Quand je juge, « pour moi » des critères de vie acceptable, je juge comme inacceptable la vie de celui qui s’accroche !

Oui, cela fait aussi partie du discours sur l’euthanasie ! Fin de la parenthèse.

 

Au Canada, nous appelons l’euthanasie – « aide médicale à mourir ». AMM pour être encore plus acceptable. Et le problème n’est pas l’aide médicale à celui qui se meurt, mais le contrôle médical de la mort de l’autre.

Et dans une société, comme le Canada, où :

– Le gouvernement est l’employeur unique (ou presque) des médecins.

– Les plus grandes dépenses du gouvernement sont en santé.

– Les plus grands besoins en santé sont en fin de vie.

Ne peut-on pas parler de conflit d’intérêts lorsque celui qui décide est le même que celui qui dépense ? Bien sûr que je ne devrais pas poser cette question, mais la justice se la pose constamment dans le monde des affaires. Pourquoi fermer les yeux ici ?

 

Mais quelle est l’intention d’une société qui endosse ce genre de choix ?  Est-ce vraiment le bien-être de la personne ?  Permettez-moi de douter !  Je peux faire confiance à une personne, dans certains cas, mais faire confiance au monde ?  L’histoire me montre le contraire :

–  Une société où certains meurent de faim alors que d‘autre meurent de trop manger !

– Une société qui dit ne pas aimer la guerre, mais qui invente des jeux de guerre pour ses enfants. Où on ne veut regarder des nouvelles sur la guerre, car trop horrible, mais dont le regard se tourne avec passion vers des corps déchirés et du sang qui gicle dans ces jeux de guerre.

– Une société où l’on dit s’émouvoir pour une femme qui a été maltraitée il y a 20 ans, mais qui laisse des pédophiles hanter l’internet présentement, et qui ferme les yeux aux tourismes sexuels, car ça se passe dans un autre pays.

– Une société où des villes comme Dubaï ont une richesse qui nous éblouit et fait l’envie de tous, mais où les dirigeants sont parmi les grands vendeurs d’armes aux pays en guerre. Où les pays, dits les plus progressistes dans le monde, sont les plus grands vendeurs d’armes, officiellement autant que sur le « dark web ».

 

Mais non, Serge, tu ne peux dire que nous sommes responsables de la souffrance des autres ?  Désolé, mais c’est ce que je crois, et pour que vous ne vous sentiez pas trop coupable, je vais prendre personnellement cette responsabilité, car pour moi cette pensée trouble mon âme. 

Quand je sais que l’autre souffre et que je pourrais l’aider, mais que je ferme les yeux, les oreilles et la bouche sur sa souffrance… OUI… j’ai une responsabilité.  Je crois personnellement que c’est Dieu qui doit décider du moment de la mort et non l’homme.  Et il me demande d’aider celui qui souffre, peu importe sa nationalité, sa race, sa religion, son orientation sexuelle, etc.  Le seul critère est qu’il souffre.  J’ai une responsabilité de le soutenir, même jusqu’à la mort.

En passant, si tu ne crois pas en Dieu et que tu veux dire « dame Nature » au lieu de Dieu, pas de problème, c’est ton choix.  Tu es libre et cela t’appartient aussi.  Tout cela sera entre toi et Dieu, et cela pourrait être le sujet d’une autre discussion. 

On ne parle pas ici de foi, mais de conscience.  Et si tu veux me convaincre que l’ignorance de Dieu ne change rien à la bonté de l’homme, vas-y !  Montre-moi ton amour pour l’autre, ton sacrifice pour l’autre, ton désir par tes actions d’enlever la souffrance de l’autre et là tu pourras m’impressionner. 

Cependant, si tu crois en Dieu et que tu ne montres pas ton amour pour l’autre, ton sacrifice pour l’autre, ton désir, par tes actions, d’enlever la souffrance de l’autre… là, je serai encore impressionné négativement … je serais troublé.

Euthanasie ? « Bonne mort » ou « douce mort » ? Je continuerai de le faire avec celui qui souffre, vieux ou jeune, pauvre ou riche, malade ou en santé ! Voilà mon euthanasie, je continuerai de tenir la main.

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