Comprendre pour servir ce monde où je vis

Comprendre pour servir ce monde où je vis

Retour vers le … passé… à l’hôpital !

image_pdfimage_print

Je suis à l’hôpital « cité de la santé » de Laval, pour une pierre aux reins.  Beaucoup de douleur, mais un excellent service.

Mais ce qui est spécial avec cette visite est le souvenir d’avoir été préposé aux bénéficiaires dans ce même hôpital en 1978, l’année d’ouverture de cet hôpital !  J’ai fait ce métier pendant seulement deux mois, entre :

       Des études de Physique à Pocatello, Idaho

et

       Des études en Éducation physique à l’Université de Montréal.

 

       Un travail d’été comme 6e main dans une papeterie au Saguenay.

et

       Un travail de fin de semaine comme préposé aux autopsies à Montréal.

 

Tellement d’expériences différentes, mais préposées aux bénéficiaires me donne les souvenirs les plus précieux.  Un préposé aux bénéficiaires effectue le travail que les autres ne veulent pas faire, ou aiment le moins faire.  Changer des couches d’adultes, donner à manger à des gens qui ne peuvent plus manger par eux-mêmes.  Je suis d’accord pour dire que les infirmières et les médecins font un bon travail, mais prendre soin de besoin qui humilies est un privilège exceptionnel. 

Et laissez-moi vous raconter une de ces histoires :

            Je devais donner à manger à une dame qui avait été paralysée et ne pouvait même plus prendre un verre avec ses mains.  Elle ne pouvait plus parler et elle ne pouvait que me montrer son appréciation que par son regard.

            Un jour, alors que je commençais son repas avec un verre d’eau, elle me regarda, comme assoiffée, poussant le verre vers sa bouche.  Je me suis dit, avec mon œil de jeune sans connaissance médicale, mais intéressé aux gens : « cette dame à peut-être soif entre les repas et personne ne vient lui donner à boire ! »  

Donc, je suis venu lui porter un verre d’eau entre deux repas.  Je n’oublierai jamais son regard quand elle m’a vu.  Elle ne pouvait pas me parler, mais, elle a bu le verre d’eau sans quitter mes yeux du regard.  Ses yeux m’ont dit le plus beau merci que n’ait jamais entendu par les oreilles.  J’entendais ses yeux me dire : « enfin quelqu’un …  un jeune préposé aux bénéficiaires de 6 ‘7’’, maigre et cheveux ébouriffés, a compris comment j’étais assoiffée.  Un besoin que je ne pouvais exprimer et qui est essentiel pour moi. »

Son regard, ne quittait pas le mien, chaque fois que je lui apportais un simple verre d’eau.  Cette dame est décédée maintenant, mais son regard a eu un impact sur toute ma vie.  

Par la suite, je suis allé avertir son infirmière de son besoin et elle a ajouté une note à son dossier, pour que cette simple action soit reproduite par d’autres. 

 

            Voici un simple exemple de ce métier fantastique qui a eu un impact sur toute ma vie !  Mon expérience est que les métiers les plus simples et les moins glorieux peuvent être les plus gratifiants, car ils se résument à servir.

            Mes filles se souviendront peut-être de cette histoire, parmi tant d’autres.  Des histoires de Papa !  Il y en a bien d’autres, mais on en garde pour une autre fois !

Et voilà, c’était mon retour vers le passé, pendant que j’étais sur une civière à dormir dans un couloir, avec un rein qui le fait souffrir.  Parfois, nous avons besoin de ces moments pour nous rappeler le plus important dans la vie.

Partager
Partager