Nous entendons si souvent qu’il ne faut pas juger les autres. Et, dans le fond, les raisons en sont simples : On ne veut pas être empêché de faire ce que l’on veut, chacun doit être libre et ne peut limiter la liberté de l’autre. Bien sûr, mais qu’en est-il quand la liberté de l’autre vient limiter la mienne ? N’y a-t-il pas des limites ? Est-ce que la liberté de l’autre lui permet de prendre ce qui m’appartient, dire ce qu’il veut, faire ce qu’il veut ? Il est évident qu’il y a des limites à la liberté. Et avec les limites à la liberté vient le jugement. Nous avons, dans le texte d’aujourd’hui des principes pour ce jugement des autres.
Un jugement comprend plusieurs éléments : l’accusation, la défense, les témoignages, le verdict, la condamnation et la punition. Et nous sommes capables d’exécuter tous ces éléments, simplement dans notre tête. Et nous agirons envers l’autre en conséquence. Les exemples sont innombrables.
Voici un exemple :
Un mendiant me demande de l’argent.
– L’accusation – il est pauvre et doit probablement le mériter.
– La défense – sa main tendue sans explications.
– Les témoignages – Sûrement qu’il y en a beaucoup qui pourraient dire qu’il est pauvre, par sa faute, et de toute façon sa pauvreté parle contre lui.
– Mon verdict – il est dans la rue par sa faute.
– La condamnation – il mérite sa condition.
– La punition – il n’aura rien de moi. Simple et facile… pour moi !
Ton patron peut faire la même chose quand tu lui demandes une augmentation ! Mais ça, ce n’est pas pareil, spécialement quand je trouve que le jugement contre moi est injuste !
Non, ce concept de jugement de l’autre n’est pas si simple et, dans la réalité, nous jugeons constamment. Et je dirais même que les médias nous aident beaucoup dans ce domaine. Surtout quand ils viennent appuyer notre jugement des autres. Après tout, on se dit que les journalistes sont des gens sérieux et qu’ils ont fait des recherches, récoltés des témoignages, et que par conséquent ils peuvent appuyer les jugements et nous aider à justifier MA condamnation de l’autre. Le problème est qu’on lie uniquement les articles, les médias qui appuient notre pensée. Soyons honnêtes, on est tellement content quand les médias viennent de découvrir un mauvais côté de celui que nous n’aimons pas !
Un Exemple ? Il y en a tellement. Mais prenons le plus flagrant ces jours-ci :
Une photo de Donald Trump, le montre en train de signer un décret.
Au Canada, cette image est suivie d’un article qui explique comme ce décret nous fera du mal et nous savons donc qu’il est méchant. Et puisqu’il est le président des É.-U., tous les citoyens américains sont méchants.
Aux É.-U., cette image est suivie d’un article qui explique comme ce décret nous fera du bien et nous savons donc qu’il est gentil. Et puisqu’il est le président des É.-U., tous les citoyens américains sont gentils.
La même image a des visions, et un jugement complètement opposés, car ces journalistes, que nous disons être « des sources fiables », nous l’ont dit, et surtout leurs dire satisfaisait notre jugement, déjà posé d’avance !
Donc, revenons à notre texte. Le problème n’est pas dans le processus, qui doit exister pour que la justice existe. Et cette justice est si importante qu’elle sera la base d’une société, d’une organisation, d’un groupe, qui persiste. Bien sûr que, dans quelque groupe que ce soit, la justice vise la relation entre les membres du groupe.
Dans le texte d’aujourd’hui, la condamnation à une autre conséquence, mais en rapport avec la relation avec Dieu. En effet, mon péché, mon offense est une injustice qui brise ma relation avec Dieu. Ici, il n’est pas question de chercher à me satisfaire, mais d’aider l’autre, par amour pour lui. Le jugement, et la discipline qui en résulte sont une conséquence de l’amour. Et si l’amour n’en est pas la base, ce jugement se fera sur de mauvaises bases.
Et c’est là que l’amour rentre en ligne de compte. Lorsque j’aime l’autre, et que je le vois dans ce processus de jugement devant Dieu, je tente de l’aider en l’amenant à la confession. Ainsi, il pourra avoir le pardon de Dieu et se libérer de la condamnation. Je fais cela parce que j’aime la personne, je le fais par amour, pour « gagner mon frère » comme le dit Jésus.
Je ne fais pas cela pour ma justice personnelle. Non, pas si tu es chrétien, disciple de Christ, car Jésus dit à ses disciples :
« Mais je vous dis, à vous qui m’écoutez: Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent. Si quelqu’un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l’autre. Si quelqu’un prend ton manteau, ne l’empêche pas de prendre encore ta tunique. Donne à quiconque te demande, et ne réclame pas ton bien à celui qui s’en empare. Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on? Les pécheurs aussi aiment ceux qui les aiment. » Luc 6.27-32
Tout le processus, dont nous parlons aujourd’hui, est motivé par l’amour. Encore une fois, il a pour but de rétablir mon frère, mon ami, dans sa relation avec Dieu et dans sa relation avec moi par la suite, car moi je suis enfant de Dieu.
Et surtout, n’oublions pas que le processus dont nous parlons ici est pour ceux qui se disent croyants … « si ton frère a péché » ! Ce Père est « notre Père » et il corrigera son enfant qui pèche, comme un enfant.
OK, qui est mon frère, que j’aime aujourd’hui au point de le reprendre avant qu’il ne soit perdu? Pas par vengeance, pas par justice personnelle, mais par amour pour lui. Que j’aille aider mon frère, peut-être avec un témoin, et Jésus sera au milieu de nous. Et encore une fois… tout cela par amour pour l’autre ! Quelle simplicité! Seigneur, donne-moi le courage de démontrer mon amour pour l’autre quand je le vois sur la voie de la perdition.
Matthieu 18.15-20
Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l’affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église; et s’il refuse aussi d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme un païen et un publicain. Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. Je vous dis encore que, si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux. Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux.
Et quand c’est toute une « Église » qui a péché
Premièrement, certains ont traduit le mot grec ekklésia par Église, ici avec un E majuscule. On nous parle ici de l’assemblée des frères qui se réunissent pour servir Dieu. Il n’y a pas de lettre majuscule à ekklésia, car ce n’est qu’un simple regroupement de croyants. Ces regroupements, il y en avait partout où des croyants décidaient de se réunir. Et la fin de ce texte nous confirme que deux ou trois sont suffisants pour être une ekklésia parmi laquelle Dieu est au milieu d’eux. Faisons attention de ne pas idolâtrer le groupe de croyants, « l’Église ». Celui qui est le sujet de notre adoration est celui qui est au milieu de nous… pas nous-même comme groupe ! Pour la suite, je dirai ekklésia ou assemblée, comme cela il sera plus facile de se rappeler que le but de notre rassemblement est LUI.
Deuxièmement, un croyant ou un groupe de croyants qui excommunie un frère sans avoir cet amour comme but, sans désirer ardemment retrouver la communion avec ce frère, n’a rien compris à cette instruction de Jésus. Une ekklésia qui ferait cela, qui dirait « cette personne ne pourra jamais revenir ici » … , cette ekklésia et tous ceux qui l’endosse, sont elle-même sous le jugement de Dieu, et je ne voudrais pas être dans leurs souliers. Je ne m’associerai pas à eux, car ils vivent dans le péché, ne recherchant pas la volonté de Dieu, qui est de rétablir la communion avec tout homme. Personnellement, je traiterais cette ekklésia comme des païens et des publicains … MAIS … en attendant, en priant, en pleurant, et en espérant qu’ils reviennent de leurs péchés. Eh oui, ne pas exprimé l’amour de Dieu avec justice est un péché devant Lui. Ne pas exprimer la justice de Dieu avec amour est un péché devant Lui